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Avril et quart.
30 avril 2005

Finn. 1. Ses proches la suivaient...

         
 
 

lettrines11es proches la suivaient d'un regard sceptique, inquiet, lorsque glissant son torse mince au travers des tables sans même bouger les épaules, elle se frayait un slalom à sa taille qui la conduisait droit dans les bras du meilleur danseur. Il levait la tête, un éclair d'anxiété lui assombrissait les yeux, il se demandait sans doute pourquoi cette femme tranquille, belle et jeune attendait ainsi devant lui, le regard planté juste au milieu de son front. Il se raclait la gorge, décroisait les jambes avant de se lever et, par une absurde courtoisie, s'inclinait profondément devant celle qui l'invitait. Elle n'y mettait aucune malice et l'entraînait impérieusement dans une danse où elle s'abîmait, la poitrine soulevée dès le premier pas.

   Et lui interrogeait : Que lisait-elle ? Où vivait-elle ? Aimait-elle le bleu ? Et savait-elle que ses cheveux, derrière l'oreille, avaient l'exacte consistance de la paume des mains des chats?
   
   Elle balançait la tête pour dire oui, pour dire non, pour dire ça m'est égal, indifféremment, et lui, avec un rire régalé, la serrait d'avantage, l'entortillait dans une vrille de cercles concentriques, sa lourde main traçant sur son dos nu une étoile de sueur.

 
   Petite fille, déjà, elle dansait ainsi, somnambule, certaines nuits de sommeil la faisaient tourner jusqu'au malaise, comme un derviche que rien n'aurait pu arrêter. Elle tournoyait des heures, les joues pâles et rentrées, les mains collées autour de son corps, les cheveux jusqu'aux pieds, dans un renversement de sa taille que la force centrifuge pliait à la briser. Ainsi, elle pâlissait dans les muscles du danseur, ses yeux s'allongeaient, ceux qui apercevaient son visage n'en comprenaient ni la couleur ni la forme, ni cette bouche un peu carrée qui semblait appeler de l'air ou crier de bonheur, ils se soulevaient lentement sur leurs coudes pour mieux saisir son tremblement, la première larme qui roulerait sur sa joue et ceci, le danseur l'ignorait, que pouvait-il voir, il coulait dans ses oreilles des paroles laiteuses, cotonneuses, qu'elle n'entendait déjà plus depuis longtemps. Si la danse ne s'achevait pas, il avait tout à coup entre les bras un corps brusquement plié, une poupée blanche et évanouie, qui n'avait jamais supporté de tourner ainsi, malgré le plaisir qu'elle en avait, jusqu'à ce que le sol à ses pieds ne soit plus qu'une mer transparente, infiniment calme, qui, enfin, l'accueillait.

 

 

 
 
 
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